en vieillissant,
à travers ses gestes, ses mots, ses attitudes,
parfois elle me dévoilait avec une vérité troublante,
une sincérité confondante,
la petite fille qu'elle avait été
et que je n'avais jamais connue ;
rien dans la durée longue ne semble vraiment évoluer,
lorsque dans des rebours automatiques et innés,
le juste retour précis d'un début premier refait surface,
à niveau toujours,
dans un nivellement parfait des âges ;
elle qui à l'instant était devenue plus jeune que mon âge
nos gestes se souviennent de nos gestes anciens,
ils traversent sans cesse ces mêmes mouvements
que notre volonté induit
mais en les traversant
parfois ils finissent par reproduire mécaniquement
des effets premiers de l’enfance ou d’une toute autre époque ;
les gestes ont des échos en bordure des mouvements, leur mémoire
Pierre Cressant