• Une gauche qui se paie notre tête surtout !

    Par Éric Dupin

    Hourra ! Formidable ! Il a fini par avouer. Il a enfin abjuré. Ballotté par de multiples tourmentes et échoué dans le trou de l’impopularité, François Hollande a eu l’audace de se proclamer « social-démocrate ». Il cède ainsi aux injonctions d’innombrables commentateurs. La veille de sa conférence de presse, l’éditorialiste de Libération le sommait ainsi de se dire « social-démocrate et fier de l’être ».

     Mais le sens des mots est ici codé. L’expression « social-démocrate » désigne moins une identité idéologique précise qu’elle n’est le signe sémantique d’une inflexion politique. Passer du « socialisme » à la « social-démocratie » signifie, dans le langage dominant, en finir avec les archaïsmes supposés de la gauche française.

     

    Une gauche qui se paie de mots

     

    C’est là une très vieille histoire. Née de la Révolution française, bercée par le romantisme révolutionnaire, largement coupée du mouvement syndical, la gauche française a toujours eu une fâcheuse tendance à se payer de mots. Elle compense par sa rigidité doctrinale les accommodements opportunistes auxquels l’exercice du pouvoir l’obligent régulièrement. Qu’importe que les pratiques trahissent les idées si la religion des mots est préservée. La social-démocratie européenne a connu pareils dilemmes, mais elle les a résolus assez tôt dans le sens du pragmatisme. « Qu’elle ose paraître ce qu’elle est ! », exigeait, dés la fin du XIXème siècle, le socialiste révisionniste allemand Edouard Bernstein. Il a eu gain de cause au sein du SPD.
    http://www.altermonde-sans-frontiere.com/spip.php?article25008

     

     

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