• Accoudés ...

    Oui mon âme, tout cela que tu vois, c’est la vie, tout ce que tu examines en soupirant, c’est la vie. Restons nous deux, cent ans et plus, restons les bras sur la balustrade, le corps appuyé au bastingage, la prudence bien affûtée, restons et résignons-nous. Ne descendons pas dans cette mélopée, ne nous confondons pas à ce bruit d’âmes fausses, de cœurs mangés aux vers, d’esprits vénéneux. Oui, restons ensemble, toi au milieu de moi et moi autour de toi, toi souffrant et moi luttant. Fermons parfois les yeux, essayons de mettre entre la rue et nous, entre les autres et nous, des océans de lyrisme muet, des remparts bourrelés de coton hydrophile. Revenons à pas lents vers les souvenirs de l’école buissonnière, chuchotons tous deux à pas de loup des images glanées dans la lente adolescence.
    Léon-Paul Fargue – Accoudé (1941)

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