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Arrêtons de construire ces poubelles géantes ...
Faut-il en finir avec les énormes navires de croisière ?
La compagnie suisse MSC Cruises devait inaugurer, le 9 novembre à Hambourg, le paquebot géant « MSC Grandiosa », long de 331 mètres et construit par les Chantiers de l’Atlantique. Une folie ? Ces quelques arguments vous inviteront à embarquer. Ou à rester à quai.
L’argument écolo
Ces barres d’immeubles flottantes sont des catastrophes écologiques. Selon un rapport de France Nature Environnement, un navire moyen émet par jour l’équivalent d’un million de voitures en particules fines. Rien qu’à Marseille, l’ensemble des paquebots qui y font escale seraient, d’après une étude de Transport & Environnement, responsables de 10 % de la pollution atmosphérique.
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L’argument économique et social
L’industrie des croisiéristes n’en finit pas d’encourager un dumping social mondialisé. La plupart des paquebots naviguent en effet sous des pavillons de complaisance (Bahamas, Panama, Bermudes…) qui ont le suprême avantage de ne pas être très regardant en matière de législation sociale. Résultat : les 2 000 membres d’équipage de ces géants des mers (principalement des Philippins, Pakistanais, Indonésiens, Indiens…) sont embauchés dans des conditions (temps de travail, salaires…) très largement en deçà des minima européens.
L’argument touristique
Le simple fait que ces poubelles géantes fragilisent les fondations de Venise devrait suffire à les interdire jusqu’à la nuit des temps. L’industrie de la croisière bon marché est en train de transformer de nombreuses villes du bassin méditerranéen en escales d’un immense parc à thème : en plein été, il est tout simplement impossible de visiter Dubrovnik, Cagliari ou Palerme sans être englouti par ces paquets de touristes, guidés à l’aide d’oreillettes et de la couleur du bob de leur accompagnateur. Un cauchemar éveillé.
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Contre
Le contre-argument écolo
Certes, le paquebot pollue. Mais il faut raison garder. D’abord, le secteur des transports n’est que le deuxième contributeur mondial d’émissions de CO2 (autour de 24 %) derrière celui de la production d’énergie, selon l’Agence internationale de l’énergie. Ensuite, la part du transport maritime est faible (11 %) comparée à celle de la route (74 %). Enfin, quand on sait que les croisières ne représentent que 1 % du transport maritime mondial, on conclut que l’avenir de la planète ne dépend pas d’une petite balade en Méditerranée.
Le contre-argument économique et social
Quel secteur français peut se prévaloir d’une renommée mondiale ? Il faudrait être maso pour tuer l’industrie hexagonale du paquebot. Pour répondre à un carnet de commandes qui n’a jamais été aussi bien rempli (14 paquebots à livrer avant fin 2026), les Chantiers de l’Atlantique ont embauché près de 1 000 personnes en six ans. Aujourd’hui, ce sont un peu plus de 6 000 personnes (dont 3 000 sous-traitants) qui travaillent sur ce site de Saint-Nazaire où a été construit le plus grand paquebot du monde, le Symphony of the Seas (362 mètres, 6 000 passagers).
https://www.lemonde.fr/m-le-mag/article/2019/11/09/faut-il-en-finir-avec-les-enormes-navires-de-croisiere_6018583_4500055.html
Tags : construit, social, transport, geants, paquebot
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