Bien sûr que tu es ma camarade
parce que tu es plus.
tu es toujours plus.
Il y a la route en commun,
l'horizon dessiné avec le crayon de l‘espérance.
il y a l'amertume de l‘échec à l‘heure où les fours ne s‘allument pas
et qu'il faut encore pelleter le charbon du matin.
Bien sûr que tu es ma camarade parce que tu es celle qui dit non,
tu t‘es trompée. ou dit oui, c'est bien, allons-y.
Et parce qu‘en toi on sent que cette parole est une lente,
heureuse. nécessaire parole :
il y a mar dans camarade
et rade dans camarade.
ton parfum dans mes bras,
la barque ancrée à côté de la mienne.
Julio Cortazar