• La révolte silencieuse ...

    Par Patrick Mignard

     Ça y est, c’est parti, on l’attendait bruyante, violente… pourtant, elle ne fait pas de bruit, certains diront qu’elle est sournoise, impalpable… Elle est bien là, la révolte des exclus, des déçus, de celles et ceux, toujours plus nombreux/ses qui ne croient plus aux discours mensongers des politiciens, aux promesses de cette classe parasite qui n’agit que dans l’intérêt d’un système dont elle tire profits et privilèges.

    Les discours moralisants, moralisateurs, faussement citoyens, ne marchent plus ou du moins, de moins en moins… l’illusion n’a que trop duré. À défaut de manifester, de casser et de brûler, on refuse de participer à ce qui fait finalement la force de ce système, l’illusion de démocratie qu’il distille : le vote. On ne peut plus dire que l’abstention est le monopole des « pêcheurs à la ligne », elle est aujourd’hui une véritable expression politique qui signifie une chose très claire : ras-le-bol de ce système faussement démocratique qui nous conduit à la catastrophe dont la montée du néofascisme est l’expression politique la plus dangereuse… Et l’on sait depuis les années trente du siècle dernier que l’on ne combat pas ce fascisme en reconduisant au pouvoir des politiciens incapables et manipulateurs. Cette révolte est beaucoup plus grave pour la classe politique que les manifestations folkloriques et pétitions stériles dont elle se moque royalement…

     

    Il y va désormais de la crédibilité, de la légitimité de celles et ceux qui nous « mènent en bateau » depuis des décennies. Bien sûr, le courant néo fasciste est un danger et les politiciens au pouvoir l’utilisent comme repoussoir et instrument de culpabilisation du citoyen pour l’amener à voter pour eux. Ils oublient simplement de dire que, d’une part, l’existence de ce courant est la conséquence de leurs politiques et que, d’autre part, le soi-disant front républicain ressuscité au moment des élections est, à terme, un dérisoire barrage pour l’endiguer. Désormais la légitimité des élus/es est gravement entamée… Les pourcentages obtenus, s’ils sont toujours calculés sur le nombre de votants – et non des inscrits, (comme par hasard) - ne peuvent désormais plus cacher le fossé toujours plus grand entre celles et ceux qui continuent à croire en la comédie électorale et celles et ceux qui tournent les talons aux discours et promesses.

    Cette révolte, comme toute révolte, n’est pas immédiatement porteuse d’un avenir, d’un projet, elle n’est qu’un signe, le symptôme d’un dysfonctionnement grave de notre démocratie. L’avenir ne passe plus par la confiance que l’on peut mettre en une classe politique qui a failli… Prenons garde de ne pas mettre nos espoirs dans la démagogie de celles et ceux qui voudraient prendre sa place… et qui tout en le dénonçant, sont tout de même un pur produit de ce système. Amplifions cette révolte lors des prochains scrutins.

    Patrick Mignard
    31 mars 2014

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