• Le touriste, devenu de masse ...

    Depuis qu’il existe, le touriste est objet de moqueries. C’est comme ça, c’est un fait universel, parfaitement justifié, que nul ne pense à discuter. Il semble né pour deux choses : payer plus cher dans les restaurants et recevoir des moqueries dans le dos. C’est ce qu’on appelle un couillon. Mais la meilleure moquerie, la plus sincère, la plus mordante même ne remplacera jamais la critique ni le mépris.

    Le touriste peut se trouver dans deux types de situations.
    1) Il s’ébat dans un lieu disons neutre (une plage, une montagne, une île déserte) : c’est son nombre qui produit la nuisance. Trois types qui se bronzent sur une plage ne font pas disparaître la plage. Cent mille types, si : sous les serviettes. Idem pour les silhouettes bariolées qui encombrent l’espace gigantesque de la montagne : elles la polluent autant par leur nombre, par leur esthétique de supermarché, que par l’absolue inutilité de leurs agissements. Descendre et monter, faire des glissades, des roulades, des sauts, ça devrait être réservé à l’école maternelle.

    2) Il visite un site, un bâtiment, une ville, un musée, une connerie quelconque : là, c’est son inculture manifeste, amplifiée par l’incongruité de sa tenue, qui fait scandale. Plus encore que sa personne multipliée. Il n’a pas besoin de déferler en troupeaux serrés, il peut dénaturer les lieux tout seul, leur ôter tout charme par son unique présence. Imaginez: vous êtes assis sous les arbres plusieurs fois centenaires d’un jardin de ville créé sous le triple patronage du silence, de la douceur et de l’harmonie (le jardin du palais St Pierre, à Lyon, par exemple). Soudain, deux cons en short font passer leurs gros culs sous votre œil, dégoisant un baragouin d’importation dont vous ne comprenez heureusement rien, et se selfisent à tour de bras en exhibant des mâchoires à fast-food : silence, douceur et harmonie s’anéantissent immédiatement, rendant le lieu aussi inhospitalier qu’un centre culturel de ville moyenne. La simple présence des fâcheux, renforcée par leur accoutrement et leur attitude, vide le site de ce qu’on était justement venu y trouver. Par une ironie qu’un touriste ne peut comprendre, sa présence lui ôte ce que lui aussi, suivant les conseils d’un Guide quelconque, était censé venir photographier.
    Extrait d'article de beboper

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