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Les Amazones du Dahomey ...
Elles sont entraînées pour résister à la douleur et ignorer la pitié
Dès leur plus jeune âge, les amazones suivaient un entraînement intense au combat et au maniement des armes. Elles étaient conditionnées psychologiquement pour résister à la douleur et ignorer la pitié. Craintes et respectées par la population, elles avaient un statut presque sacré. Chaque fois qu’elles sortaient du palais, des groupes de fillettes agitant clochettes les précédaient afin que la foule s’écartât respectueusement de leur chemin. Ces femmes, propriété du roi, devaient rester vierges et quiconque devenait leur amant était aussitôt exécuté. L’historienne Sylvia Serbin rapporte à ce propos (dans Reines d’Afrique, éd. Sepia) une plaisanterie qui circulait parmi les anciens et selon laquelle «moins d’hommes seraient morts au combat qu’en essayant de franchir le mur du camp des amazones».
A la fin du XIXe siècle, au moment où elles rencontrent les Français, les bataillons de minos, exclusivement commandés par des femmes, sont constitués de 4 000 à 5 000 recrues, soit le tiers de l’armée du Dahomey. Le bataillon des «Aligossi» est chargé de la défense du palais, et celui des «Djadokpo» constitue l’avant-garde de l’armée régulière. Elles sont vêtues de longues tuniques bleues ceinturées à la taille, sur un pantalon bouffant. Leur crâne est rasé et surmonté d’un petit bonnet blanc brodé d’un caïman. Leur équipement varie selon leur spécialité. Les guerrières maniant le fusil forment le gros des troupes : avec cet arme, elles portent une cartouchière, mais aussi un sabre court et un poignard. Viennent ensuite les archères, redoutées pour leur habileté et leur précision, puis les terribles faucheuses. Celles-ci sont équipées de longues machettes tranchantes formées d’une lame de 45 centimètres montée sur un manche de 60 centimètres qu’elles manient à deux mains, les ouvrant et les refermant comme des gigantesques canifs. «Un seul coup de ce rasoir peut trancher un homme par le milieu !», s’exclame dans ses souvenirs de missions le père François Xavier Borghéro venu évangéliser le pays dans les années 1860. Généralement, au cours de la bataille, elles décapitent leurs ennemis et s’empressent de brandir les têtes tranchées afin de semer la panique dans les rangs ennemis.
Mais le groupe le plus redouté, véritable commando d’élite, est celui des chasseresses, des tueuses sélectionnées parmi les plus fortes et les plus corpulentes. Ce sont ces milliers de guerrières conditionnées à «vaincre ou mourir» et, selon les dires des légionnaires, enivrées au gin, que les hommes de Dodds voient surgir face à eux ce jour-là. Au mépris de la supériorité du feu français, elles se ruent à l’assaut. Certaines passent les lignes en rampant par terre sous les tirs pour chercher le corps-à-corps dans lequel elles excellent. «Ces amazones sont des prodiges de valeur, elles viennent se faire tuer à 30 mètres de nos carrés», écrira le capitaine Jouvelet dans ses mémoires. Avec lui, tous les hommes qui les ont combattues, impressionnés, saluent «l’extrême vaillance», «l’indomptable audace» de ces guerrières.
https://www.geo.fr/histoire/les-amazones-du-dahomey-elles-ont-dit-non-a-la-colonisation-francaise-161167
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