Platero est petit, velu, doux,
d'aspect si tendre que l'on dirait qu'il est tout en coton,
qu'il n'a pas d'os.
Seuls les miroirs de jais de ses yeux sont durs,
pareils à deux scarabées de cristal noir.
Quand je le laisse en liberté,
il va dans le pré, grâcieux,
caresse en les frôlant à peine de son mufle
les minuscules fleurs roses, bleu ciel ou jaunes.
Doucement, je l'appelle : "Platero".
Il vient vers moi d'un léger trot joyeux
que je crois entendre rire,
accompagné de je ne sais quel chant idéal de grelots.
Juan Ramón Jiménez (traduit par Hervé Rougier) (extrait)